Je suis allé voir récemment le film The Fall Guy au cinéma et j’ai passé un excellent moment. Pourquoi ? Parce que j’ai eu l’impression d’être à nouveau plongé dans un film d’action débridé des années 80′-90’.
Il souffle comme une vague de nostalgie sur l’ensemble des médias ces dernières années, il suffit de voir les prochaines sorties annoncées que ça soit au cinéma, musique ou en jeux vidéo : Bad Boys, Barbie, Top Gun, Eminem, Bon Jovi, Age of empires/Mythology
En Quelle année sommes-nous ?
Ce constat n’est pas nouveau, je pense notamment à l’épisode de South Park de 2016 avec les “Member Berries” qui sous couvert de l’humour dénonçait la vague de reboot incessants au cinéma et la dangerosité de la nostalgie politique américaine.
Nous allons prendre la recette du Film Fall Guy et essayer de décortiquer les éléments principaux qui font son succès et tenter de les expliquer.
Une Action Constante et Decomplexee au service d’une cause
Le Pitch du film est centré sur la vie d’un cascadeur, cela permet d’être une bonne excuse pour montrer à l’écran toute sorte de cascades et de scènes débridées assez impressionnantes.
Ce film a également permis de mettre en lumière cette profession un peu sous-estimée, Ryan Gosling et Emily Blunt ont d’ailleurs profité de leur passage aux Oscars pour dénoncer que les cascadeurs n’étaient toujours pas récompensés par l’académie pendant la Cérémonie. Je vous renvoie sur ce super article d’Allociné où les acteurs principaux du film parlent de ce problème et mettent à l’honneur leurs doublures respectives : https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=1000085465.html
Si ce film m’a immédiatement fait penser aux classiques de ma jeunesse (Last action Hero, Terminator 2, Piège de Cristal etc.) par son accumulation d’action, chaque intrigue du film est prétexte à une fusillade, une course-poursuite, un combat.
Le tout est évidemment ponctué de punch line et d’un humour second degrés bienvenu qui rythme l’action et permet un divertissement sans prise de tête.
Le cadrage est lui aussi très immersif et permet d’être au cœur de l’action afin de constater les exploits des cascadeurs en question.
Le film ne recule devant rien, tous les classiques du genre vont y passer, combat style ninja avec katana, des extraterrestre belliqueux, un saut en bateau au-dessus d’une station essence enflammée, torche humaine et j’en passe. Ce film pourrait être un best of finalement de cette décennie mythique du film d’action.
Ce qui est agréable et révélateur de la période c’est aussi qu’il ne s’en cache pas. Le personnage principal reprend le nom “Colt Seavers” du fameux ‘Homme qui tombe à Pic”. Il y a de multiples clins d’œil plus ou moins appuyés à l’industrie du cinéma d’action. Il y a notamment un chien cascadeur appelé “Jean Claude” reprenant quelques mimiques de notre Cher JCVD. Le héros parle de son amour également pour la série des Miami Vice. Tout est fait de manière transparente et assumé, un vrai hommage de fan aux films qui ont pavé l’histoire du cinéma d’action.
Bref on a un scénario minimaliste mais assez efficace, des héros qui prennent tous les risques et une cause à défendre.
On pourrait reprocher au film à ce niveau le défaut de ses qualités, on est parfois à la limite du “too much”, à force de vouloir capter l’attention du public et de tout lui donner tout le temps on le gave un peu d’action pendant 02h05 sans trop lui laisser le temps de respirer.
Ce constat est assez symptomatique du traitement des médias actuels. Il est difficile de capter l’attention de sa cible et tout est fait pour tenter de la conserver le plus longtemps possible pour garantir le fameux “watch time”.
Il est aussi révélateur d’une époque où on veut tout tout de suite.
La parallèle peut être faite avec la mode un peu passée sur you tube des jumpcut, où nous étions abreuvés d’un contenu monté et haché de manière à ne laisser aucune minute de répit à l’audience pour qu’il ne parte pas regarder autre chose.
Une ambiance FeelGood et une Bande Son travaillee
L’ambiance musicale du film est extrêmement travaillée et colle parfaitement avec le propos. L’action débridée est appuyée par du AC/DC, du Motley crue ou encore The Darkness. Quand les passages plus classiques viennent nous servir quelques classiques bien amenés avec du Christina Aguilera, Journey ou Phil Collins.
Même dans les moments difficiles du héros, tout est fait pour ne pas plomber l’ambiance, on vient mettre en scène un V8 américain rutilant pour redonner du peps à la scène. Le message est plutôt tourné vers l’espoir et l’amélioration de la situation.
Le personnage principal ne va avoir de cesse que d’essayer de s’en sortir et de changer les choses qui vont lui arriver. On est sur une dynamique classique du héros un peu déchu qui se reprend en main et qui va partir à la reconquête de sa promise.
Une formule, certes un peu éculée, mais qui est très bien menée par un cast en grande forme et des plans très agréables.
L’ensemble dégage une aura là encore très mi 80-90’s, des plans très ensoleillés, des belles voitures et un traitement de l’image là aussi très bright.
Pour les joueurs, vous y retrouverez une ambiance presque un peu GTA Vice City.
Parlons du thème musical principal du film qui révèle à lui seule la nostalgie ambiante du film avec le mythique I Was made for Loving You de Kiss.
Rien que le traitement de la chanson au cours du film pourrait faire l’objet d’un article, le choix de la chanson n’est pas anodin. Il reprend l’idée de l’histoire d’amour qui est au cœur de l’intrigue bien sûr mais son traitement est révélateur.
Le morceau est utilisé à plusieurs endroits du film dans plusieurs versions. Tantôt de manière écorchée et lancinante avec l’intro de cette très belle version de YOUNGBLUD
Et parfois juste quelques notes par ci par là de manière subtile pour rappeler le thème.
Le choix de cet hymne est totalement raccord avec l’esprit du film, on fait un hommage aux 80’- 90’s tout en rajoutant une petite patte moderne pour le sublimer.
Ce qui est intéressant de se poser comme question c’est de savoir pourquoi on se raccroche à cette période que ça soit dans le cinéma, la publicité et plus largement les médias. Pourquoi a-t-on le besoin de revenir constamment en arrière ?
Je pense qu’il y a un sentiment ambiant de plusieurs générations du fameux “c’était mieux avant”. C’est un retentissement d’une époque où les choses paraissaient plus simples, plus libres et c’est là où réside la nostalgie du public.
C’est aussi une zone de confort pour les créateurs, terreau de leur apprentissage, un appel à cette base commune qui nous rappelle de bons souvenirs et qui touche le public instantanément.
Dans une époque compliquée post pandémie, dans un contexte tendu, “la nostalgie donne une impression de chaleur, d’affection et d’appartenance, voire provoque une sorte de voyage mental dans le temps” explique Ziyan Yang, professeur à l’Institut de psychologie de l’Académie chinoise des sciences.
Pour ceux qui voudraient approfondir le mécanisme de la nostalgie, je vous laisse avec cet excellent article de national geographic sur le sujet.
A très vite !